En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
Méditation :
C’est à l’amour que vous aurez les uns, pour les autres, qu’on vous reconnaitra comme mes disciples, nous dit Jésus ! Pas l’amour de soi-même. Ni l’amour que nous dispensons à nos amis, à notre famille, mais l’amour que nous aurons pour notre prochain, y compris pour nos ennemis. Nous ne pouvons pas dire que Jésus, ne sait pas ce que c’est que d’être rejeté, humilié, calomnié, frappé ; Il a même été crucifié, pour nos fautes.
La haine nous dit Jésus mène à la haine, dans le jardin de Gethsémani, Jésus dit à Pierre : « Remet ton épée dans son fourreau, car qui vit par l’épée périt par l’épée ». De même qui a de la haine pour son frère fini par se haïr lui-même, et se détruire. Aujourd’hui, Jésus nous invite à prier pour ceux qui font le mal. La stratégie de Jésus, est une stratégie de non-violence "ne pas riposter au méchant", à ne pas rendre le mal pour le mal. (Rm 12.17-21 ; 1 Th 5.15) Jésus veut que ses disciples sortent de l’esprit légaliste, il veut les transporter sur un plan moral supérieur, où les gestes de patience et d’amour procurent une puissance capable de désarçonner l’adversaire et de le mettre face à sa conscience.
Une telle démarche nous déroute nous-même d’abord, car elle nous prive de nos armes les plus familières, la riposte ! On m’insulte, j’insulte ! On me frappe, je frappe. La sagesse évangélique est rassemblée dans un écrin d’or qui est la loi de l’Amour. Aucune philosophie, aucune législation n’a inscrit dans ses préceptes ou dans ses articles le code de l’obligation d’aimer ses ennemis. Jésus ira jusque-là et encore plus loin. Jésus trace là, une direction ; il ne donne pas de consignes. En aimant ton ennemi, tu souhaites qu’il te soit un frère. Ce n’est pas ce qu’il est que tu aimes en lui, mais ce que tu veux qu’il soit. Un sculpteur voit du bois, coupé dans la forêt, ce bois lui plaît, il ne sait pas ce qu’il veut en faire, mais ce n’est pas pour qu’il demeure comme il est que l’artiste aime ce bois. Il voit ce que ce bois peut devenir, son amour n’est pas pour le bois comme il est, mais ce qu’il sera, quand il l’aura façonné, il aime ce qu’il va en faire, une œuvre d’art !
Oui Jésus nous montre le chemin, en se donnant en sacrifice pour le salut des hommes, Jésus invite ses disciples et nous même à progresser, à faire un pas de plus, sur le chemin qui avait été tracé par Moïse, et accomplit par lui à la croix. Celui qui veut se comporter, en fils du Royaume, et se comporter comme Dieu lui-même, ne peut pas se contenter en ce monde de la simple équité dans la répression du mal (aussi légitime soit-il). Pour que le mal puisse être vaincu par le bien, et que le méchant soit transformé à son tour à l’école de Dieu, ses prières et son espérance doivent-être plus ambitieuses. C’est ainsi que la grâce agira, et fera de lui un être nouveau, un citoyen du Royaume !
« Le Christ a souffert pour nous, nous laissant pour exemple comment suivre ses pas » (1P 2.21). Alors quel exemple du Seigneur avons-nous à suivre ? Celui de ressusciter les morts ? Celui de marcher sur les eaux ? De guérir les malades ? Pas du tout, mais celui, d’être doux et humbles de cœur (Mt 11.29) dans l’amour et la compassion, non seulement nos amis mais aussi pour nos ennemis (Mt 5.44). Sur la croix Jésus a prié pour ses ennemis, en disant : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23.34). Étienne, lui aussi a suivi très glorieusement les pas du Christ. Alors qu’il était frappé d’une grêle de pierres, il s’est écrié de toutes ses forces : « Seigneur Jésus Christ, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7.60).
Dans l’évangile, on trouve le mot grec Agapè qui désigne l’amour, un amour débordant qui ne demande rien en retour. Cet amour, c’est l’amour de Dieu à l’œuvre dans le cœur des hommes. Lorsqu’on s’évertue à aimer ainsi, on aime tous les hommes, non pas parce qu’on éprouve pour eux de la sympathie, ou parce qu’on apprécie leur façon d’être, on les aime parce que Dieu les aime. Tel est le sens de la parole de Jésus "Aimez vos ennemis" !
En ce jour demandons à Jésus la grâce, d’aimer comme lui, pour que nos ennemis comme nos amis, trouvent toute leur place dans notre cœur. Que l’amour devienne en nous source jaillissante de vie et d’espérance, alors l’ennemi devient Ami. « Il n’y a pas de plus grand amour, nous dit Jésus, que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15.3).
Amen.