Voici : moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez prudents comme des serpents et innocents comme des colombes. Soyez sur vos gardes ; car on vous traduira devant les tribunaux des Juifs et l’on vous fera fouetter dans leurs synagogues. On vous forcera à comparaître devant des gouverneurs et des rois à cause de moi pour leur apporter un témoignage, ainsi qu’aux non-Juifs. Lorsqu’on vous livrera aux autorités, ne vous inquiétez ni du contenu ni de la forme de ce que vous direz, car cela vous sera donné au moment même. En effet, ce n’est pas vous qui parlerez, ce sera l’Esprit de votre Père qui parlera par votre bouche. Le frère livrera son propre frère pour le faire condamner à mort, et le père livrera son enfant. Des enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. Tout le monde vous haïra à cause de moi. Mais celui qui tiendra bon jusqu’au bout sera sauvé. Si l’on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre ; vraiment, je vous l’assure : vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que le Fils de l’homme vienne. Le disciple n’est pas plus grand que celui qui l’enseigne, ni le serviteur supérieur à son maître. Il suffit au disciple d’être comme celui qui l’enseigne et au serviteur d’être comme son maître. S’ils ont traité le maître de la maison de Béelzébul, que diront-ils de ceux qui font partie de cette maison ?
Méditation Le Seigneur nous enseigne la prudence, car là où il nous envoie, bien que nous connaissions bien le terrain, les dangers sont multiples. Ici le serpent représente la ruse, l’intelligence et la colombe la pureté, bien que ses deux natures ne soient pas toujours compatible, si nous parvenions à maintenir ses deux natures dans un parfait équilibre il est certain que la lumière en jaillirait.
Pourquoi notre Seigneur ajoute « prudents comme les serpents ? » C’est une vision qui pourrait-être tout à fait réaliste de la vie du chrétien dans le monde : il faut de la pureté, de la foi, mais aussi de l’intelligence parce que le chrétien ne doit être quelqu’un d’irréfléchi, ni une bonne poire. Le Christ lui-même ne s’est laisser pas crucifier par faiblesse, n’a-t-il pas dit : « Ma vie, personne ne me la prend, c’est moi qui la donne ? » (Jn 10.18) Jésus donne sa vie volontairement, avec intelligence, il sait pourquoi il le fait. Se laisser abuser, tromper, n’est pas forcément un bon témoignage.
Le Seigneur nous invite en tant que disciple, en tant que chrétien, à une spiritualité active, intelligente pour éviter une perversion possible de la douceur et de l’amour. L’indolence, et une trop grande faiblesse, ne sont pas constructives, et porteuses de fruits qui demeurent. L’Évangile n’est pas une incitation à la passivité, Jésus nous invite, à une certaine intelligence spirituelle, simple, douce mais active. Et il faut pour cela tout donner, jusqu’à sa vie. Ne jamais se séparer de son idéal de pureté, ni perdre son âme, en la corrompant au gré des modes et des époques. Il faut être sage pour ne pas manquer de discernement, et fou, si on veut faire strictement la volonté de Dieu en ce monde. Pour le monde la croix fut une folie, mais pour Dieu, elle fut la plus grande des sagesses. Car c’est par elle que l’homme obtient du Fils de Dieu, le rachat de ses fautes, et la vie éternelle.
La mise en garde du Seigneur par rapport à notre fidélité à son nom, doit nous faire prendre conscience que la tâche sera rude, car ramené à Jésus les brebis égarée du Royaume, nous vaudrons certainement d’être traité comme Lui et bien pire encore. Aussi osons dire à Jésus : « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté. (He 10.9) Amen