En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Méditation :
Vivre comme des justes nous dit Jésus, ce n’est pas de se faire remarquer, ni de se donner en spectacle, encore moins de faire claironner devant soi les trompettes du savoir, ou d’étaler ses connaissances, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Vivre comme des justes, ce n’est pas non plus être parfait, c’est vivre simplement chaque jour dans l’espérance, en accueillant les dons et les grâces de Dieu avec humilité et l’amour. C’est aussi reconnaître nos faiblesses, notre vulnérabilité, nos tendances pécheresses. Nous n’avons pas besoin d’être parfait pour recevoir de Jésus la grâce du salut. Nous devons seulement croire en lui, et le laisser nous ajuster à lui.
Paul nous dit : « Connaître le Christ Jésus notre Seigneur, voilà le plus important… Je ne suis pas juste parce que j’obéis à la loi, mais parce que je crois au Christ. C’est Dieu qui rend juste, et il rend juste celui qui croit. » (Ph 3.4-16) Jésus nous invite à faire l’aumône de nous-même, afin être ajusté à lui. L’aumône de soi n’attend rien en retour, elle devient même charité en Dieu pour celui qui la pratique. Telle est la justice de Dieu, qui ne juge pas, mais qui nous ajuste à lui dans l’amour. L’homme ajuster à Dieu ne prie pas de manière spectaculaire, il prie dans l’humilité, avec confiance, en vérité, et persévérance dans la foi. Peut-être aussi spectaculaire, une piété silencieuse qui se veut démonstrative d’une fausse contemplation, "ton Père voit ce que tu fais dans le secret " ne l’oublie pas. Spectaculaire est aussi une fausse exubérance spirituelle démonstrative de connaissance biblique, de louange, qui s’adresse plus à notre ego, qu’à Dieu.
« Quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle ». nous dit Jésus. Comment alors évangéliser dans nos cités, sur nos parvis ? Comment annoncer les merveilles de Dieu ? Comment proposer des temps de louanges ? Comment rendre grâce à Dieu en exprimant notre joie, par la danse sans qu’il y ait confusion ?
Les temps d’évangélisation proposés sur les places ou dans les quartiers deviennent spectaculaires, quand le message de l’évangile sert à faire grandir notre notoriété, quand elle sert à glorifier l’homme et non Dieu. Mais si ces temps d’évangélisation annoncent et glorifient Jésus, s’ils deviennent prière intérieure, moment où chacun se retire dans la profondeur de son être, là où Dieu a établi sa demeure, son temple, alors même les louanges les plus festives seront une agréable odeur pour Dieu. « Elles seront comme l’encens devant sa face et l’élévation de nos mains comme l’offrande du soir. » (Ps 141.2) De même nos privations, jeûne ou abstinence, doivent devenir prière intérieure, temps de louanges et de joie. Notre cœur ne peut s’ouvrir à la grâce que si librement il se donne. Quel que soit la motivation du sacrifice, s’il n’est pas un don de soi, il ne peut-être rédempteur pour l’homme.
Le Père nous dit Jésus, n’est pas avare en grâces et bénédictions. Il est celui qui sonde les cœurs et les reins. Il nous connaît parfaitement, il est présent dans le secret même de nos cœurs. Aussi demandons Lui en ce jour, par l’intercession de son Fils notre Seigneur Jésus Christ, de faire de nous des artisans de paix, de justice, des sentinelles de sa présence. Demandons-lui la grâce d’être les acteurs de sa compassion et de sa miséricorde auprès de nos frères et sœurs. Pour qu’uni à Lui, par le cœur de son Fils bien-aimé, nous puissions tous vivre un jour dans la Jérusalem céleste.
Amen, Alléluia.