Ah, Jérusalem ! Jérusalem ! Toi qui fais mourir les prophètes et qui lapides ceux que Dieu t’envoie ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! Mais vous ne l’avez pas voulu ! Maintenant, votre maison va être abandonnée et restera déserte. En effet, je vous le déclare : Désormais, vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Méditation
Comprenons ici que ce n’est pa la ville de Jérusalem qui tue, mais ceux qui la dirige, et qui rejette le plan de Dieu, en entrainant le peuple à la rébellion envers Dieu. Tout le long du ministère de Jésus, ils s’étaient opposés à lui, parce qu’ils voulaient garder leur position au milieu du peuple, où leur orgueil naturel trouvait sa satisfaction, tandis que, pour entrer dans le royaume, il fallait reconnaître l’autorité de Christ et devenir comme les petits enfants.
Pour mieux comprendre cette partie l’évangile, il nous faut le prendre depuis le verset 13. Dans les versets 16 à 22, Jésus leur reproche d’avoir établi certaine manière de jurer qui avait plus de valeur dans un cas que dans un autre. Ils faisaient méconnaître ce qui avait une valeur réelle aux yeux de Dieu et, par conséquent, détournaient de lui pour fixer la pensée sur la matière, ce qui a lieu pour toute religion de forme. Ils attiraient par-là sur eux un troisième « malheur ». La quatrième fois que Jésus prononce un « malheur », c’est en dénonçant l’hypocrisie avec laquelle les pharisiens observaient strictement certains détails de la loi ; ils payaient la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, chose sans grande importance, mais qui les faisait passer aux yeux des hommes pour de fidèles observateurs de la loi. En revanche, ils négligeaient ce qui était le plus important : « le jugement et la miséricorde et la fidélité ». Pour les pratiquer, il faut un état d’âme exercé par la Parole, qui permette de discerner ce qui est juste envers Dieu et d’être miséricordieux envers ses semblables, tandis qu’on peut s’acquitter de ces actes purement matériels sans avoir à faire avec Dieu et sans qu’il n’en coûte rien. Non que l’on doive faire abstraction des détails de la loi. Jésus dit : « Il fallait faire ces choses-ci, et ne pas laisser celles-là ».
En annonçant le jugement sur Israël, Jésus est ému de compassion envers Jérusalem, centre de toute méchanceté et qui allait subir les jugements de Dieu. Son amour avait travaillé depuis des siècles, mais toujours en vain, pour ramener ce peuple rebelle. Jésus s’écrie alors : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Quelles paroles solennelles sorties de la bouche de Celui qui était venu en amour à ce peuple bien-aimé ! Mais la dureté de l’homme avait constamment refoulé cet amour au-dedans du cœur de Jésus et l’empêchait de le manifester plus longtemps à son peuple selon la chair. Ce même amour allait conduire Jésus à la croix et là, par son sacrifice, rendre possibles, sur le pied de la grâce, les bénédictions que les Juifs refusaient. Amen.