Marc 4. 35-41

Marc 4. 35-41

Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez- vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Méditation

Voilà un récit des évangiles qui nous ramène au siècle présent, ou sévit une « tempête » mortelle, celle du Coronavirus. Bien entendu, d’autres situations aggravées tout ça, les conflits au Moyen-Orient, les guerres fratricides en Afrique, le terrorisme qui sévit parmi les nations, etc. A tout cela, s’ajoute les difficultés dût aux aléas de la vie, qui malheureusement sont incontournable bien souvent. Qui d’entre nous, dans son existence, n’a pas eu à affronter un jour une terrible tempête où tout nous semblait perdu ? Ou bien une longue période de captivité, de solitude, de chômage, de maladie ou de déprime, ou nous avons eu l’impression de sombrer, d’être englouti par toutes sortes de problèmes ?

Comme les disciples, il nous est arrivé de crier vers Dieu : « Je suis perdu ; on dirait que cela ne te fait rien ! » Peut-être n’avons-nous pas comme les disciples, prêté attention à ce que dit le Christ avant de monter dans la barque : "Passons sur l’autre rive !" L’aventure de notre vie, personnelle ou collective, c’est aussi, ce nécessaire et périlleux passage d’une rive à une autre. Pour chacun de nous : "Passer sur l’autre rive", c’est dépasser nos échecs, surmonter les handicaps, et les épreuves qui se dressent devant nous. "Passer sur l’autre rive", c’est aussi passer d’une vie d’humiliation, d’une vie de repli sur soi au désir de vivre, au désir d’un peu plus de justice autour de soi, d’un peu moins d’exclusion, d’un peu plus de bonheur, d’un peu plus d’amour.

Passer sur l’autre rive, c’est passer de la haine au pardon, du rejet à l’amour, de la rancœur à la paix, de la tristesse à la joie, de l’humiliation à la reconnaissance, de l’insulte au respect des autres, d’une passion dégradante à la liberté intérieure. Tous ses exemples provoquent souvent une tempête en nous, que seul le Christ peut apaiser. Jésus a vécu dans sa chair cette difficile traversée de l’existence humaine. Lui aussi, il a crié sa peur, son angoisse quand les forces adverses ont tenté de l’engloutir. Sa prière ne l’a pas dispensé de vivre sa passion, mais elle lui a permis de l’affronter avec une grande confiance en l’avenir que lui préparait Dieu le Père. C’est pourquoi aujourd’hui, le Christ, victorieux des forces du mal et de la mort, redit à chacun de nous, en tout temps, à tous les peuples de la terre, et à toutes les Églises, ce qu’il disait à ses disciples paniqués : "Pourquoi avoir peur ? Ayez foi en moi !"

Quand notre barque est secouée par les vagues des aléas de la vie, Jésus nous invite à croire qu’il est présent à nos côtés jusqu’à la fin des temps. Une présence discrète, mais capable d’apaiser toutes nos tempêtes intérieures et extérieures. Jésus nous invite, nous qui sommes des naufragés de la vie, nous qui avons souvent perdu pieds, et qui avons la sensation de sombrer, à tendre la main, et à crier vers lui avec confiance : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! » Il ne nous dispensera pas des épreuves de la traversée. Mais sa main puissante, sera toujours là, pour nous empêcher de sombrer. Amen.