Or les soixante et dix revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes se soumettent à nous en ton nom. Et il leur dit : je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et sur les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne vous nuira. Toutefois ne vous réjouissez pas de ce que les esprits se soumettent à vous ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. En cette heure même, il tressaillit de joie en son esprit, et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants ; oui, Père, parce que tel a été ton bon plaisir. Et se tournant vers ses disciples, il dit : Toutes choses m’ont été remises par mon Père ; et nul ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; ni qui est le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils le veut révéler. Et se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré de voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu.
Méditation :
La Joie, la joie de l’amour, la joie de la beauté, la joie de croire, la joie des plaisirs et des réjouissances banales que provoquent les bons côtés de la vie, sont des dons de Dieu qui parfois coexiste avec de rudes épreuves. Au fond, la vraie joie, nous la goûtons souvent confronté aux dures réalités de la vie, des moments difficiles qui nous entraînent fort heureusement, en présence de Dieu. Les apôtres savent qu’ils ne doivent pas se réjouirent que de la joie de cette puissance extérieure, car ils passeraient à côté du mystère de la Croix. L’épreuve qui leur sera proposé ne sera pas celui d’un Messie triomphant, mais d’un Messie souffrant, calomnié et crucifier. D’ailleurs à part quelques femmes, ainsi que Marie et Jean au pied de la Croix, tous les autres vont s’enfuirent et partir dans le sens opposé de celui de Jésus, et fuir la croix.
La force du disciple est dans l’acceptation de sa faiblesse, mais aussi dans l’acceptation de la croix. Paul nous dit : « Que la croix de notre Seigneur Jésus-Christ reste notre seul orgueil ». N’oublions pas que la croix, était pour les disciples eux même un scandale. La croix était vécue dans un premier temps, comme le symbole d’un échec (rappelons-nous des disciples d’Emmaüs). Mais Jésus s’est montré « obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout. » (Ph 2.8-9).
Jésus, est heureux que cette action victorieuse ait pu se faire à travers ses disciples. C’est à des ‘petits’ qu’Il a donnés le pouvoir de chasser les esprits mauvais. Il exulte de joie car il a plu au Père de se faire connaître par le moyen du Fils. Jésus proclame la louange du Père ; « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. Cette phrase de Jésus, nous montre la liberté souveraine de Dieu qui se révèle à qui il veut, quand il veut, par le moyen qu’il veut. C’est Dieu qui se communique, c’est Dieu qui se dévoile. Il n’est pas au bout de nos raisonnements humains ; il n’est pas au bout de nos calculs ; il n’est pas au bout de nos expériences fussent-elles spirituelles. Dieu se communique librement et gratuitement à qui il veut. Et Jésus nous l’enseigne ici. Car « tout lui a été confié par le Père ». Le Père avec qui il vit dans une intime et profonde communion.
« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » En effet le Christ c’est rendu visible à nous dans la sainte eucharistie, nous pouvons le toucher, le recevoir, vivre de sa vie. Heureux sommes-nous frères et sœurs, en transformant le pain et le vin en son corps et en son sang, Jésus s’offre à nous pour que nous vivions de la vie éternelle.
En ce jour de sabbat méditons et préparons nos cœurs, afin de vivre en plénitude sa présence en nous. Qu’un repentir sincère, nous anime et nous permette de recevoir malgré notre indignité celui qui par le don de sa vie, nous a donné le salut et la vie dans l’éternité du Père.