Matthieu 9. 14-17

On met le vin nouveau dans des outres neuves.

Alors les disciples de Jean viennent à lui, disant : Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous souvent, tandis que tes disciples ne jeûnent point ? Et Jésus leur dit : Les amis de l’époux peuvent-ils être dans le deuil pendant que l’époux est avec eux ? mais des jours viendront où l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront. Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit ; car la pièce emporte une partie de l’habit, et la déchirure en devient pire. On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres, se rompent, et le vin se répand, et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et tous les deux se conservent ensemble.

Méditation

« Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l’Époux est avec eux ? » Quelqu’un marche-t-il sans défaillir, sans s’écarter de la route du Royaume, en mettant en pratique les préceptes du Christ, en vivant dans la pureté absolu, pourquoi jeunerait-il ? Mais en dehors du Christ, qui peut se prétendre pur de tout péché ? Dans sa lettre au Romains Paul dit : « Tous ont péchés et son privés de la gloire de Dieu. » (Ro 3.23) C’est donc gratuitement que Dieu nous accorde sa miséricorde et son pardon. Quand nous nous éloignons du chemin qui mène au Royaume et que nous contristons le Saint Esprit, nous devons par un repentir sincère raviver en nous sa présence, afin de ne pas mourir spirituellement. Bien entendu sa présence qui est flamme de vie éternelle ne s’éteint pas, mais elle perd de son intensité quand nous l’attristons, et que nous la recouvrons de la multitude de nos fautes.

« Je relèverai la hutte de David, qui s’écroule ; je réparerai ses brèches, je relèverai ses ruines, je la rebâtirai telle qu’aux jours d’autrefois. » (Am 9.11) Dieu dans sa grande miséricorde, devant la sincérité de notre repentir, en bon Père qu’il est, Il pardonne nos erreurs. Il répare les brèches causées par les griffes lacérées du péché, relève l’homme brisé devenu une ruine, rebâti le temple de Dieu qu’il est, et qui a été voulu par Dieu dès sa conception. Les disciples de Jean le Baptiste ainsi que les Pharisiens, ne reconnaissaient pas Jésus comme le Messie. Pourtant c’est bien de la bouche de Jean, que le témoignage de la messianité de Jésus est sorti. N’a-t-il pas dit sur les rives du Jourdain à deux de ces disciples : « Voilà l’Agneau de Dieu. Les deux disciples l’entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus. » (Jn1.36-37) Pourquoi n’en a-t-il pas été de même pour les autres disciples de Jean ? Pourquoi Jean lui-même n’est-il pas devenu disciple, de celui qu’il désignait comme l’Agneau de Dieu ? Pourtant le témoignage de Jean, le baptême de repentir et le jeûne que pratiquaient ses disciples ainsi que les pharisiens, avait pour objectif de rétablir la relation rompue avec Dieu par le péché. Pourquoi alors, vouloir faire mourir Jésus ? « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison » (Mc 6.4. Lc 4.24. Mt 13.57)

La question de Jean le Baptiste à Jésus, montre bien la confusion qui règne : « Es-Tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Pourquoi Jean-Baptiste pose-t-il une telle question ? N’annonce-t-il pas lui-même, un Messie qui tient sa pelle à vanner, et qui va bouleverser la vie d’Israël ? Contrairement à Jean, Jésus proclame un Dieu qui est Père et dont la miséricorde est infinie. Il annonce un Dieu qui pardonne et qui va jusqu’à donner la vie de son unique Fils pour le salut de tous les hommes. Folie ! Jean est désorienté, Jésus est bien celui qu’il annonce, mais sa méthode diffère. Il enseigne la crainte de Dieu et le rejet du péché en pratiquant des actes d’amour. Il enseigne même à aimer les ennemis, ainsi que tous les hommes quelques soit leur confession, leur race. Il ose rappeler à l’autorité religieuse son devoir d’exemple. Il chasse les vendeurs du temple, il montre aux hommes que les bienfaits de Dieu sont gratuits en toute circonstance. Il témoigne d’une miséricorde non négociable, ni de manière financièrement, ni même par des offrandes ou des sacrifices d’animaux.

Alors pourquoi devons-nous jeûner me direz-vous ? Le jeûne peut être aussi une forme de repentance, il ne sert pas seulement à négocier les faveurs de Dieu, mais aussi à infléchir son cœur d’amour devant la multitude de nos péchés. Notre Père, nous dit Jésus : sait ce dont nous avons besoin. Si notre relation avec Dieu est sincère, et véridique, nous recevrons tout de Dieu. Force et courage dans les épreuves, discernement et sagesse, richesse sociale, professionnelle et familiale. Et encore plus, la grâce merveilleuse, de la vie, dans son éternité.

Amen.