Matthieu 5, 38-42

« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant »

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos. »

Méditation :

Au jardin de Gethsémani, Jésus dit à Pierre : « Remet ton épée dans son fourreau, car qui vit par l’épée périt par l’épée ». De même qui a de la haine pour son frère, fini par se haïr lui-même, et se détruire. Jésus nous invite à prier pour ceux qui font le mal, il nous invite à prier pour ceux qui nous font du mal, nos ennemis. « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant. » Jésus, nous invite à une conduite qui bannit la violence « "ne pas riposter au méchant", ne pas rendre le mal pour le mal. » (Rm 12.17-21 ; 1 Th 5.15) Jésus veut nous transporter sur un plan moral supérieur, où les gestes de patience et d’amour procurent une puissance capable de désarçonner l’adversaire et de le mettre face à sa conscience.

Une telle démarche nous déroute nous-même, car elle nous prive de nos armes les plus familières, on m’attaque, riposte ! On m’insulte, j’insulte ! On me frappe, je frappe. La sagesse évangélique est rassemblée dans un écrin d’or qui est la loi de l’Amour. Aucune philosophie, aucune nation n’à légiférer, ni inscrit dans ses lois, le principe de l’amour du prochain et le devoir d’aimer ses ennemis. Jésus trace là, une direction ; il ne donne pas de consignes, mais nous devons prendre conscience que ses préceptes sont appliqués dans le Royaume. En aimant notre ennemi, nous souhaitons qu’il devienne un frère. Ce n’est pas ce qu’il est que nous aimons en lui, mais ce que nous voulons qu’il soit. En se donnant en sacrifice pour le salut des hommes, Jésus nous montre le chemin qui avait été tracé par Moïse, et accomplit par lui à la croix. Qui veut se comporter, en fils du Royaume, doit se comporter comme Jésus lui-même, l’homme ne peut pas se contenter en ce monde de la simple équité dans la répression du mal (aussi légitime soit-il). Pour que le mal puisse être vaincu par le bien, et que le méchant soit transformé à son tour à l’école de Dieu, nos prières et notre espérance doivent-être plus ambitieuses. C’est ainsi que la grâce agira, et fera de tout homme un être nouveau, un citoyen du Royaume !

« Le Christ a souffert pour nous, nous laissant pour exemple comment suivre ses pas » (1P 2.21). Quel exemple du Seigneur avons-nous à suivre ? Celui de ressusciter les morts ? Celui de marcher sur les eaux ? De guérir les malades ? Pas du tout ! Jésus nous invite être doux et humbles de cœur. (Mt 11.29) Il nous recommande l’amour et la compassion, non pas seulement pour nos amis, mais aussi pour nos ennemis (Mt 5.44). Sur la croix Jésus a prié pour ses ennemis, en disant : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23.34). Étienne, lui aussi a suivi très glorieusement les pas du Christ. Alors qu’il était frappé d’une grêle de pierres, il s’est écrié de toutes ses forces : « Seigneur Jésus Christ, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7.60). Étienne, a su faire grandir en lui l’amour que Dieu a pour chacun de nous. Saurons-nous en faire autant ?

Demandons à Jésus en ce jour la grâce d’aimer comme lui. Afin que nos ennemis, comme nos amis, trouvent place dans notre cœur. Seigneur que ton amour devienne en nous source jaillissante de vie et d’espérance, afin qu’à ta ressemblance et à ton image nous le devenions. « Car il n’y a pas de plus grand amour, que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15.3).

Amen.