Dans la même rubrique...

Meditation

Jésus nous entraine en ce jour, à voir au milieu de ce monde les réalités du Royaume de Dieu. Après les réalités de la liberté, et de l’autorité de Dieu, (Mc 5.1-20) nous voyons ici les réalités de la miséricorde et de la compassion du Christ pour ceux qui souffrent.

Tout d’abord ce chef de synagogue, nommé Jaïrus, qui en voyant Jésus, tombe à ses pieds le suppliant instamment : « Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus n’était pas apprécié des pharisiens et des scribes, mais Jaïre lui, reconnaissait dans les prodiges que réalisait Jésus la présence de Dieu. L’Évangéliste nous relate dans ce texte, deux miracles de Jésus, et nous parlent de la foi de deux personnes bien différentes. Jaïrus le chef de la synagogue et cette femme malade, qui font preuve tous les deux d’une grande foi. Jaïrus pour sa part est sûr que Jésus peut guérir sa fille ; la femme elle, elle est tout aussi certaine qu’en frôlant le vêtement de Jésus elle sera libérée de sa maladie. Et parce que ces personnes ont eu foi, Jésus leur donne la grâce qu’elles étaient venues chercher.

La femme pensait, qu’elle n’était pas digne que Jésus lui accorde son attention. Elle n’osait pas déranger le Maître, ni tous ces juifs importants qui l’accompagnaient. Sans bruit, avec crainte, elle s’approche et touche la frange du manteau de Jésus. « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” » Sa guérison fut immédiate. Mais Jésus, qui sait ce qui s’est passé, ne veut pas la laisser partir sans lui dire pourquoi elle fut guéri instantanément : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal » (Mc 5.34). Nous voyons ici la puissance de la foi, celle qui guérit de toutes infirmités.

Jaïre est un notable. L’évangile le nomme comme « l’un des chefs de la synagogue. » Il est connu de tous, et tous connaissent son malheur. Il est atteint dans ce qu’il a de plus cher : sa petite fille. Il se déplace pour faire cette démarche en faveur de sa fille. Notons que Jaïre ne dit pas « notre » petite fille est à toute extrémité, mais « ma » petite fille. Nous pouvons conclure que ce notable doit être un père possessif et que, par conséquent, il empêche inconsciemment son enfant de devenir une femme. En effet, en Israël, 12 ans était l’âge où l’on mariait les filles. Ce n’est, certes, qu’une interprétation, mais elle peut nous éclairer sur le cheminement que Jésus va faire faire à Jaïre.

Ce papa, si on lui avait demandé ce qu’il pensait de Jésus, nous aurait certainement répondu : « On dit que c’est un bon guérisseur ». Il n’aurait pas imaginé un seul instant que Jésus soit le Messie. Jésus le prend là où il en est. Et pour améliorer sa foi, il va le débarrasser de toutes ses peurs. Alors que les gens disent à Jaïre ! Inutile d’insister, ta fille est morte et bien morte, Jésus l’encourage : « Ne crains pas, crois seulement. » Jésus l’invite à marcher avec lui, sans crainte, jusqu’à la foi véritable.

Qui croire ? Celles et ceux qui déjà pleurent et se lamentent, ceux qui sont venus lui dire que sa petite était morte, ou Jésus, cet inconnu de passage qui déclare que « l’enfant n’est pas morte, mais elle dort » provoquant les moqueries de toute l’assistance ? Jaïre n’a plus rien à perdre : il fait spontanément le saut de la peur, à la foi éperdue. Jésus met alors tout le monde dehors il invite Jaïre et sa femme, dans la chambre de la petite fille. Ils étaient deux pour lui donner la vie : il faut qu’ils soient deux pour que la fillette, morte à son enfance, fasse le passage et naisse à sa vie de femme. Jésus demande à Jaïre, une foi, encore plus grande. Tout comme Dieu exigea d’Abraham dans l’Ancienne Alliance, une foi qui ne défaille pas, la foi qui rend toutes choses possibles. « Ne crains pas, crois seulement » (Mc 5,36).

Cette femme qui souffre depuis 12 ans de pertes de sang, est une morte-vivante. Elle est privée par son infirmité persistante, de ce qui fait la valeur de la vie : la relation à Dieu et aux autres. La Torah concernant les femmes atteintes d’une telle maladie les considère comme impures, non seulement elles n’avaient plus aucune possibilité de relations conjugales, mais elles se trouvaient de fait exclues de toute vie sociale. Interdit de se présenter en public, interdit d’aller au Temple ou à la synagogue, impures, pestiférées. Cette femme va faire un geste qui est pure superstition aux yeux des religieux de l’époque, elle va toucher la frange du vêtement du guérisseur. Sa confiance en Jésus est totale : c’est une démarche de foi qui provoque la rencontrer avec Jésus, là où elle en est, comme il fut accompli pour Jaïre. Ce qu’il demande à cette femme, c’est quelque chose de plus : une démarche personnelle. Elle était anonyme dans la foule : il va falloir qu’elle se dénonce. Et ce n’est que dans ce face à face, dans cette rencontre avec Jésus, que de femme guérie, elle devient une femme sauvée. Il lui a fallu accepter une relation personnelle avec Jésus. Et c’est dans cette rencontre personnelle, que de sa situation de femme morte socialement, elle reviendra à la vie. Une vie de femme, pleine et entière en son corps et en son âme.

Seigneur montre nous le chemin de la foi, apprends-nous à construire une véritable relation avec toi. Afin que s’arrête nos hémorragies et nos morts spirituelles. Apprends-nous à dire dans nos moments d’épreuve : « Je crois, Seigneur, viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9.24).

Amen.